- SAÜL (roi d’Israël)
- SAÜL (roi d’Israël)SAÜL, roi d’Israël (\SAÜL (roi d’Israël) 1030 env.-env. \SAÜL (roi d’Israël) 1010)Le premier roi de l’État d’Israël. Saül (en hébreu shaûl , «qui a été demandé [par Dieu]») était originaire de Gabaa (aujourd’hui, tell el-Fûl ), d’une famille rurale de la tribu de Benjamin. La genèse de sa carrière et ses premiers exploits sont liés à la mission prophétique de Samuel. Le matériau traditionnel qui le concerne, dans la Bible, recouvre les chapitres IX à XXXI du premier Livre de Samuel. Cependant, les passages où il joue le rôle de personnage principal et où sa personne est proprement engagée sont assez réduits: il ne reste guère que le récit ancien de son couronnement (IX-XI), la chaîne narrative des chapitres XIII à XV, les relations de sa visite à la sorcière (XXVIII) et de sa mort (XXXI). Il faut noter que les histoires concernant à la fois Saül et David sont déjà des histoires de David.Saül est apparu sur la scène politique de la Palestine au \SAÜL (roi d’Israël) XIe siècle, époque particulièrement douloureuse pour les tribus israélites. Celles-ci étaient soumises, dans presque toute la Cisjordanie, à la domination des Philistins. Les voisins d’Israël étaient donc incités à s’agrandir à son détriment. Les Ammonites, vaincus par Jephté, occupèrent Galaad et traversèrent le Yabboq en direction du nord, puis s’attaquèrent à la ville de Yabès, fondation de Manassé. Les tribus de Cisjordanie étaient trop affaiblies par le contrôle philistin pour porter secours à leurs sœurs au-delà du Jourdain. Tel est le contexte dans lequel Saül, sous l’inspiration de Samuel (I Sam., IX, 1-X, 16), fut choisi pour la royauté. En sa qualité de «chef» désigné, il rassembla des troupes de toutes les tribus. L’occupation philistine n’ayant pas empêché cette levée en masse, la victoire fut éclatante contre Ammon, dont le danger ne menaçait pas la Transjordanie, et Yabès fut débloquée. Ce fut l’heure d’un grand espoir en Israël, qui reprit courage et se détermina à l’action.C’est au sanctuaire de Gilgal, qui échappait au contrôle direct des Philistins, qu’eurent lieu la réunion des tribus et, «devant Yahvé», la proclamation de Saül comme roi de «tout le peuple» (I Sam., XI, 15). Cette élection avait un caractère directement politique. Israël agissait désormais en tant que peuple et s’orientait ainsi sur une voie qui devait le conduire à l’établissement d’un royaume, à l’instar des peuples voisins et païens. La situation créée par la menace philistine était pour beaucoup dans ces événements et renversements qui touchaient les consciences et les groupes. On attendait du nouveau roi, qui d’ailleurs se comporta presque exclusivement par la suite comme un chef de guerre, qu’il libérât Israël des Philistins comme il l’avait libéré des Ammonites. Malgré ses nombreuses campagnes (y compris la campagne contre les Amalécites, I Sam., XV) et le sacrifice de sa vie, il ne devait pas y parvenir.L’institution de la royauté en Israël, selon un modèle emprunté aux peuples païens environnants, posait un grave problème: était-elle légitime étant donné que Yahvé était déjà le seul roi? Cette question est demeurée sous-jacente aux diverses traditions qui s’entrecroisent dans l’histoire biblique de Saül. Deux d’entre elles semblent principales, correspondant à deux points de vue sur l’instauration de la monarchie en Israël. Une tradition plus ancienne est favorable à la royauté (I Sam., IX, 1-X, 16; X, 27 b-XI, 15; XIII et XIV): Yahvé en personne a l’initiative, face aux malheurs que connaît son peuple, de charger Samuel d’oindre Saül, de mener le chef vers la victoire et vers son élection royale par toute l’armée à Gilgal. Une autre tradition, plus tardive, paraît peu favorable à la royauté (I Sam., VIII; X, 17-27 a; XII, 1-25): elle porte l’empreinte des expériences malheureuses qu’Israël a faites de ses rois. Ces deux traditions ne sont pas pour autant contradictoires; la première, toute théologique, fait découler entièrement l’institution royale de la volonté divine; la seconde est un bilan assez pessimiste de l’histoire de la monarchie.Éclipsé d’abord par Samuel puis par David, Saül n’est demeuré dans la mémoire d’Israël qu’à travers des échos fragmentaires. Il n’a jamais suscité une vraie postérité, ni une vraie tradition. Il demeure l’«oint» qui échoue — devant Dieu, certes. Le Livre des Chroniques ne rapporte plus que sa mort (I Chron., X) et Saül n’a pas sa place dans les vastes synthèses historiques du Psaume LXXVIII ou de l’Ecclésiastique, XLIV, 50, où l’on passe de Samuel à David.
Encyclopédie Universelle. 2012.